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Dès le début de ma pratique j’ai utilisé l’huile, mais il y a quelques années j’ai découvert l’acrylique, se prêtant à une technique d’exécution rapide. J’ai besoin de suivre mon inspiration, de conduire ma toile rapidement à son terme dans la même impulsion pour ne pas perdre le fil et la spontanéité de ma démarche. L’huile requiert un temps de séchage entre les couches qui rompt la continuité de mon travail dans l’esprit et dans la forme. Cependant je préfère l’onctuosité de l’huile, sa matière riche qui nourrit bien la toile, ainsi que l’infinie subtilité des tons que l’on peut obtenir par mélanges.

Je suis d’abord habitée par la vision d’un objet, d’un paysage, d’une scène, qui a frappé mon imaginaire, provoquant en moi une émotion forte, et par le désir intense de traduire cette émotion dans un langage pictural.

Ensuite le tableau se construit dans le prolongement du pinceau, déviant parfois de mon intention initiale, prenant une orientation autonome avec laquelle je compose en harmonie. Les accidents, les coulures, les trébuchements du parcours de création, les transformations de ma perception, invitant à d’autres images, ouvrent d’autres perspectives.

Dans une figuration à distance des conventions et des contraintes, je cherche avant tout à restituer un sentiment, transposant la réalité par le prisme de ma sensibilité.

La plupart de mes thèmes reflètent cette gravité dont je suis empreinte et qui se donne malgré moi. C’est pourquoi j’ai une prédilection pour les palettes sourdes et les tons rompus qui s’accordent à mon univers sombre et parfois à l’austérité ou à la violence des sujets traités.

A l’origine influencée par le courant impressionniste et par l’école lyonnaise, j’ai alors réalisé de petits formats de paysages ou de natures mortes à l’huile, souvent au couteau. J’ai pris ensuite du recul avec cette écriture, optant pour de grands formats dans une gestuelle plus ample et plus libre, évoluant vers quelque chose de plus instinctif dans une projection de ma subjectivité. Pour cela je ne dessine pas sur la toile. Je suis attirée par la puissance des atmosphères expressionnistes, conformes à ma vision pessimiste du monde, qui m’anime d’une force noire.